Jonathan Litell - "Les Bienveillantes"

Gros pavé en tête des meilleures ventes...
Pour ce qui ont échappé au "matrauage médiatique", ce livre est la vie d'un SS durant la 2ème guerre mondiale. L'horreur du coté du bourreau... qui se présente comme un simple être humain (comme vous? comme moi?) embringuée dans cette catastrophe par son "sens du devoir"...

Qu'en dire??? D'abord que le livre ne se lit pas vraiment facilement (beaucoup d'abréviation, de grades, de noms de départements laissés en allemands)
Ensuite??? Qu'il met mal à l'aise... Par la démonstration que l'industrialisation d'un phénoméne déconnecte les acteurs de la réalité: personne n'assassine réellement les juifs à Auschwitz... il y a ceux qui les trie à l'arrivée, ceux qui les déshabille (des déportés), ceux qui les envoie à la "douche" (idem), celui qui envoie le gaz (un déporté encore), .... personne n'est plus vraiment conscient de ce qui se passe, personne n'est responsable... Un peu facile comme argument... mais avec certainement un fond de vérité.

Dans une mesure moindre, ce livre m'a fait penser à ce qu'une entreprise - notre société plus généralement - peut obtenir de ses collaborateurs (ses citoyens): avec quel détachement, on peut les amener à licencier des gens... Situation moins dramatique dans l'absolu...Mais dans le relatif???

A part ça, le "héros" du roman (le narrateur plutôt) est une ordure finie, ou un grand malade (le ou n'est pas exclusif).

Résultat des courses: avis très mitigé. Livre presque dangereux car banalisant les pires horreurs. Livre intéressant car montrant l'autre face de l'histoire (PS: ce livre est, d'après les différentes critiques, d'une rigoureuse justesse historique: les faits; les autres personnages, ...).

Livre à éviter si on ne se sent pas en paix avec soi-même et les autres.

A bientôt
Richard

J'ai trouvé ce livre très bien écrit. Il est très long à lire puisque j'ai mis deux mois à le lire. Entre temps, j'ai lu un autre livre, pour me sortir un peu de cette ambiance parfois glauque.
Le personnage du livre a deux personnalités je trouve, mais je ne peux en dire trop pour les futurs lecteurs. Pour comprendre toute cette histoire et le personnage, il faut lire le livre jusqu'au bout.
J'attends que vous donniez aussi votre avis.

Fils du romancier américain Robert Littell, Jonathan Littell, né en
1967, signe à coup sûr le plus traumatisant des romans de la rentrée
littéraire 2006. "Les Bienveillantes" (chez Eschyle, des divinités du
Mal) est un roman à proprement parler hallucinant, rédigé en français,
qui prend à bras le corps un sujet terrifiant : la vie, l'œuvre et la
conscience d'un SS ayant pleinement participé à la mise en œuvre du
génocide perpétré sur les juifs. Pourquoi ? Chez Maximilien Aue, en
suivant l'argument classique des nazis, par simple obéissance. Mais
aussi par conviction. Celui qui dit "je" et qui nous parle à travers
ses Mémoires est donc un bourreau, comme il en exista bien d'autres.
Mais beaucoup plus que ça, Aue se distingue par sa grande complexité :
il est un homme de goût, il est un homme torturé par un désir
incestueux pour sa sœur, il est un homme d'action, engagés auprès des
Einsatzgruppen SS, groupes de soldats chargés de liquider juifs et
communistes sur le front de l'Est, il est un homme de réflexion…

Terrifiant par son aptitude à faire affleurer le venin de la réalité,
"Les Bienveillantes" est une œuvre de tout premier plan. Un livre de
damné.

ayez le coeur bien accroché je vous le conseille
je l'ai commencé il y a six mois et j'ai abndonné a la fin du prologue la je m'y remets tout juste
je ne suis pas impressionnable et pourtant ...

Je l'ai lu cet été, en un mois tout juste. C'est un livre qui ne peut laisser neutre. Au début, j'étais avec Aue. Ses crises de conscience en faisaient un homme comme les autres, puis viens l'escalade dans l'horreur, avec un tel détachement ! L'épisode du petit pianiste pour ne citer que celui-ci... Ce livre c'est un peu le portrait de Dorian Gray. Au début un semblant d'innocence puis au fur à mesure des pages, la noirceur.... jusqu'au meurtre final. Dans sa folie, je ne pensais pas qu'il irais (que l'auteur l'enverrais) si loin. J'avais même espoir qu'on puisse prouver qu'il n'était pour rien dans l'histoire du meurtre de ses parents. Et pourtant "les Bienveillantes" étaient là pour le retrouver....

En conclusion, je dirai que ce livre me laisse la naussée parce que je l'ai aimé mais avec l'impression d'être une voyeuse.... Après celui-ci, j'ai choisi des livres légers.....